Quelle place pour le cinéma expérimental et la vidéo d’art sur Internet ?

1 Mar



La vidéo d’art perce sur Internet

A l’heure où les plateformes de partage vidéo sont devenues les vecteurs d’une culture amateur, quelle est la place laissée à la vidéo artistique sur Internet ?


La place de la vidéo d’art sur Internet ne se résume pas à un combat manichéen entre le géant YouTube et les portails institutionnels : son irrigation sur le web est beaucoup plus complexe et subtile, entre initiatives publiques et initiatives privées. Dernière en date, la création en octobre 2010 du portail public 24-25.

Se définissant comme le « portail des images en mouvement », 24-25 joue le rôle de moteur de recherche au cœur des collections de sept associations qui œuvraient jusqu’alors chacune indépendamment des autres. Collectif Jeune Cinéma, Heure Exquise !, Les Instants vidéo, Light Cone, Le Peuple qui manque, Vidéoformes et Circuit Court sont les premiers à participer à ce projet dont l’envergure est à ce jour sans précédent en France. Au total, plus de 11 000 films sont ainsi disponibles. « On a participé au plan de numérisation du Ministère de la Culture, dans le cadre de programmes de numérisation des collections audiovisuelles françaises depuis 2005, explique Emmanuel Lefrant, directeur de Light Cone, avant de s’associer à d’autres associations audiovisuelles pour créer un portail. »

D’autres catalogues devraient s’y rajouter courant 2011, parmi lesquels ceux des Archives Françaises du Film, du Centre National des Arts Plastiques-Fonds National d’Art Contemporain, du Centre Pompidou (département Cinéma et Nouveaux Médias), de Cinédoc-Paris Film Coop et de Pointligneplan. Est également prévue par la suite l’entrée des archives du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, du MACVAL, de la Bibliothèque Kandinsky et du Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir. A terme, 24-25 devrait être la plateforme incontournable pour accéder en ligne aux collections audiovisuelles françaises, publiques comme privées.

En France, peu d’initiative publiques, une multiplicité d’initiatives privées

Depuis 1998, il n’y pas eu d’autre initiative publique de cette ampleur. Cette année-là, le Musée National d’Art Moderne mettait en place une Encyclopédie des nouveaux médias, à partir de ses collections et de celles de quatre  autres structures européennes (l’association bruxelloise CONSTANT VZW, le musée Ludwig à Cologne en Allemagne, le Centre pour l’image contemporaine à Saint-Gervais–Genève en Suisse et le Fonds national d’art contemporain en France). « Ce site a été conçu comme un outil d’information et de pédagogie qui doit donner envie de venir voir les oeuvres » déclarait alors dans Libération Christine Van Assche, responsable du département Vidéo et Nouveau Médias au Centre Pompidou. Numérisées pour la réouverture du Centre Pompidou en 2000, les œuvres vidéo sont en effet visibles dans leur intégralité sur les bornes multimédia du musée, mais seuls des extraits sont disponibles en ligne.

Parallèlement, différentes structures associatives ont joué un rôle important dans la visibilité de l’art vidéo. C’est notamment le cas de Vidéoformes, observatoire de l’art vidéo et des cultures numériques fondé en 1984 à Clermont-Ferrand. A partir de 2003, l’association a entrepris la numérisation de son fond unique composé de vidéos d’artistes ou de producteurs indépendants. « Il y a huit ans, quand on s’est penché sur l’idée d’archives numériques, nous souhaitions donner une visibilité au travail des artistes, en mettant en ligne une partie de leurs vidéos, explique Gabriel Soucheyre, directeur de Vidéoformes. A l’époque, nous nous sommes confrontés à la grande parano des artistes et avons essuyé quelques refus. Aujourd’hui, au contraire, on se fait presque engueuler si les vidéos ne sont pas mises en ligne rapidement ».

D’autres collectifs de diffusion ont suivi le mouvement de numérisation et de mise en ligne de leurs collections, faisant le choix soit  de la gratuité, soit de la vidéo à la demande (VOD). C’est notamment le cas de Pointligneplan : « Avec un accès payant aux films, nous avons pu monter une collection avec l’appui de 43 artistes et cinéastes parce que nous leur apportons l’assurance d’un minimum de revenu garanti lié à leur travail, souligne Christian Merlhiot, cinéaste et fondateur du collectif. Les artistes qui désirent mettre en ligne leurs films gratuitement peuvent le faire à titre individuel. Il ne peut s’agir d’une initiative collective comme celle de Pointligneplan ».

UbuWeb, le grand frère hooligan

Aux Etats-Unis, dès 1996, Kenneth Goldsmith a joué un rôle de précurseur en fondant UbuWeb, plateforme collaborative d’archives artistiques vidéo et sonores. Depuis, le site est devenu une référence sur Internet, diffusant des trésors jusque-là oubliés. « Quand j’ai commencé à monter le projet, explique-t-il, c’était quelque chose de très humble. Je n’avais aucune idée que ça deviendrait une des plus grandes ressource sur l’avant-garde sur Internet. » D’un point de vue légal, cela pourrait s’apparenter à du piratage, car Ubu met en ligne la plupart de ses documents sans autorisation, estimant faire œuvre d’intérêt public. Pour 24-25, la question ne se pose pas : soutenu par le Ministère de la Culture et de la Communication et bénéficiant des subventions du grand emprunt dans le cadre du plan de numérisation du patrimoine culturel, les contenus mis à disposition sont tous diffusés de façon légale, suivant les politiques individuelles de chaque participant au projet. Ce qui explique que certaines vidéos soient directement visibles en ligne tandis que d’autres ne sont présentes que sous la forme d’une fiche technique, permettant aux professionnels (programmateurs de festivals, conservateurs…) de localiser leur provenance.

Sybille II de Wim Delvoye


Le versant grand public : Vimeo, Dailymotion, YouTube

La visibilité de ces sites de diffusion reste pourtant limitée à quelques spécialistes et amateurs éclairés. Aujourd’hui, les plateformes de mise en ligne de vidéos généralistes ont aussi leur rôle à jouer dans la visibilité de l’art vidéo sur Internet, en insufflant un nouvel élan à ce secteur artistique. Première d’entre elle, Vimeo, fondée à l’automne 2004 par Jakob Lodwick et Zach Klein, quelques mois avant YouTube. Celle-ci connait un succès fulgurant grâce à ses vidéos virales, tandis que Vimeo se distingue par le choix qualitatif des vidéos postées, devant répondre à des critères très stricts : seules les créations originales de l’utilisateur peuvent y être partagées. Par ailleurs, Vimeo a fait le premier le choix d’une option HD, permettant aux créateurs de diffuser leur travail dans des conditions optimales.

OTEC (Father) de Lukas Hanulak

 

Les deux autres mastodontes du partage vidéo sur le Net que sont Dailymotion et YouTube ont emboité le pas. La première a, dès ses débuts, développé une dimension « arty » en mettant en avant les vidéos créatives sur sa chaîne Art et création ou via le programme MotionMaker. « Le but général, c’est de montrer la diversité et l’éclectisme du site. » déclare Marc Eychenne, responsable de la Homepage et du programme MotionMaker. YouTube, de son côté, ayant pâti d’une image négative de diffuseur de vidéos virales ou sous copyright, tente de redorer son blason, notamment en forgeant des partenariats prestigieux, à l’image du concours YouTube Play/Guggenheim. Certains artistes, comme Yann Beauvais et Edson Barrus sur Youtube ou Arnold Pasquier sur Dailymotion, ont opté pour une diffusion de leur travail auprès du grand public sur ces deux plateformes vidéo.

EGYPTE départ du président Hosni Moubarak : les manifestants
laissent éclater leur joie d'Edson Barrus


Des batailles à mener

Si les chiffres de fréquentations de 24-25 depuis sa création le 8 octobre 2010 semblent encourageants (6177 visiteurs uniques pour 12 434 visites et 9500 vidéos vues), alors que le projet n’en est qu’à ses prémices, il parait évident que la visibilité du cinéma expérimental et de l’art vidéo se jouent pour l’instant ailleurs. Mais les grandes entreprises publiques internationales de numérisation du patrimoine, qui prendront des années à se finaliser, pourraient ouvrir la porte à une nouvelle consommation de l’art en ligne, à l’image du projet GAMA, le pendant européen de 24-25.

Francine Guillou et Thomas Lapointe


Cinéma expérimental et art vidéo : de quoi parle-t-on ?

Brefs éléments d’Histoire et de définition d’un champ artistique multiple et complexe, toujours en mouvement.

« Cinéma expérimental, d’avant-garde, cinémas d’artistes, art vidéo, essais documentaires, etc. » C’est avec ce sous-titre non exhaustif que le portail 24-25.fr définit les contenus qu’il diffuse. Ou pour reprendre les termes d’Emmanuel Lefrant,  qui a participé à la mise en place et au développement du site, « l’ensemble des formes qui relèvent de l’image en mouvement en marge de l’industrie cinématographique traditionnelle ». Preuve s’il en est de la multiplicité de facettes que peut prendre le travail artistique de l’image. « Des appellations, il y en a des milliers » rajoute-t-il.

Deux principales formes sous-tendent cette constellation de pratiques : d’une part, le cinéma expérimental, issu de la technique cinématographique traditionnelle, qui a connu une première heure de gloire avec les avant-gardes du début du siècle. D’autre part, l’art vidéo, qui est issu de la télévision et se développe avec l’apparition des premiers caméscopes.

Les origines du cinéma expérimental remontent aux années 1920, lorsque des artistes, dadaïstes puis surréalistes, s’emparent du média cinéma et le détourne pour en faire un cinéma de recherche fait de préoccupations formelles, de narrations singulières et d’une production et une diffusion parallèles à celles du cinéma commercial. Parmi eux, Man Ray, Germaine Dulac, Marcel Duchamp, Hans Richter, Fernand Léger, René Clair, Francis Picabia ou Laszlo Moholy-Nagy sont quelques noms qui ont marqué l’époque. Si, dans les années 1950 en France, Jean Mitry, Isidore Isou, Maurice Lemaître ou Guy Debord font un certain nombre d’expérimentations cinématographiques, le renouveau viendra pourtant des Etats-Unis.

Dès les années 1960, le New American Cinema souffle un vent nouveau sur l’art vidéo, notamment grâce au travail d’Andy Wahrol, Gregory Markopoulos, Kenneth Anger, Paul Sharits, Michael Snow ou encore Jonas Mekas, qui crée en 1962 la Film-Makers’ Cooperative, une organisation de distribution parallèle de films expérimentaux. Au cours des années 1970, des artistes peintres (Christian Boltanski, Martial Raysse, Jacques Monory) s’essayent eux aussi au cinéma expérimental.

Anemic Cinéma de Marcel Duchamp (1926)


Parallèlement, au croisement entre l’art et la technologie, naît l’art vidéo. En mars 1963, l’artiste Nam June Paik, issu du mouvement Fluxus, expose à la galerie Parnass de Wuppertal treize téléviseurs préparés pour la distorsion d’images.  Deux ans plus tard, grâce à une bourse de la Fondation Rockefeller, il sera le premier à bénéficier du Portapack, le premier caméscope conçu par Sony. Il l’inaugure en filmant le trajet en taxi depuis son atelier jusqu’à un café new-yorkais, et diffuse la bande accompagné d’un tract intitulé Electronic Video Recorder. « Mais il ne faut pas oublier le rôle très important qu’a joué Wolf Vostell, puisqu’il a en quelque sorte co-inventé l’art vidéo avec Nam June Paik, déclare Stéphan Barron, vidéaste et maître de conférences à l’université Paul Valéry de Montpellier. Mais dans une instrumentalisation politique franco-allemande, il a été totalement éliminé de l’histoire de l’art vidéo en France».

Dans le même temps, les laboratoires des studios de télévision  donnent la possibilité aux artistes d’expérimenter le travail de l’image, tandis que les usages se font divers : détournement d’émissions télé, usages militants (Chris Marker, Carole Roussopoulos et Delphine Seyrig), performances, vidéo-transmissions, installations vidéo…

La création de collectifs d’art vidéo, et de festivals, la tenue d’expositions (Art/Vidéo Confrontation en 1974) et la création de départements dédiés à l’art vidéo dans les grands musées internationaux (en 1979 au Centre Pompidou) ont offert une visibilité à cet art émergent. « La vidéo, qui au départ n’était pas considéré comme un art, s’est au cours des décennies fait accepter comme forme d’art commercialisée, récupérée par les galeries et les institutions », rappelle Stéphan Barron.

L’apparition d’internet apporte un nouveau souffle à la création : les artistes l’utilisent d’abord comme lieu de diffusion, avant de s’en servir comme d’un médium à part entière.

Electric Moon #2 de Nam June Paik (1969)


Si, au départ, cinéma expérimental et art vidéo ont des origines distinctes, les deux pratiques ont tendance à se rapprocher et avoir une direction commune. « A partir des années 1990-2000, plusieurs artistes vidéastes se sont rapprochés des techniques, des coûts et des équipes de productions similaires à celle de la production cinématographique. On est plus là dans le domaine du bidouillage ou du bricolage », rajoute Stéphan Barron.

Aujourd’hui, les nouvelles technologies (webcam, téléphone portable, iPad) ont permis à l’art vidéo d’explorer de nouvelles pistes. « Quand apparaît un nouveau média, c’est toujours une opportunité pour les artistes d’être les premiers à s’emparer de  ces supports et de bénéficier de leur nouveauté pour être plus visibles », conclut Stéphan Barron.


Pour aller plus loin : Conférence de Christine Van Assche « La vidéo, un art de l’espace et du temps »

Conservateur en chef au Musée national d’art moderne et responsable du Département Vidéo et Nouveaux Médias, Christine Van Assche est aujourd’hui à la tête de la plus grande collection de vidéos d’art d’Europe. Dans cette conférence tenue dans le cadre de l’Université de tous les savoirs, elle présente les spécificités et l’histoire de l’art vidéo à partir des collections du Centre Pompidou.


A voir aussi : Un musée en ligne dédié à l’art vidéo, avec expositions permanente et temporaire et tout un tas de repères pratiques.

F.G, T.L


UbuWeb, le précurseur en ligne

UbuWeb, c’est d’abord un homme : le poète et universitaire américain Kenneth Goldsmith, qui décide en novembre 1996 d’ouvrir un dépôt d’archives sonores et vidéos de différentes formes poétiques : au début, des livres de poésie épuisés, scannés et mis en ligne. Très vite, le site s’ouvre à l’avant-garde dans le sens large du thème. Aujourd’hui, des milliers d’archives sont ainsi mises à disposition sur le net.

Des Frères Lumière à Christian Boltanski

En vidéo, on trouve des pièces rares, introuvables à moins d’arpenter les festivals de cinéma indépendant. De « Danse serpentine », un film teinté des frères Lumière datant de 1896, à « Points in space » documentaire anglais de 1986 sur le travail de Merce Cunningham et John Cage, l’offre est impressionnante. Autres artistes piochés au détour du site : Banksy, Jean Genet, Samuel Beckett, Pier Paolo Pasolini, Christian Boltanski.

Certes, la qualité de visionnage n’est pas toujours au rendez-vous. Mais le but affiché est de mettre à disposition des vidéos qui seront ensuite achetées ou louées à la source, lorsque celle-ci est connue.

Filz-TV de Joseph Beuys (1970)


« If it doesn’t exist on the internet, it doesn’t exist. » Kenneth Goldsmith

Ubu est une réponse au manque de visibilité et à la marginalisation de la diffusion de l’art d’avant-garde, une réponse d’amateurs qui refusent toute institutionnalisation ou marchandisation.
Kenneth Goldsmith parle de « fan-site » : un site fait par et pour les amoureux de la culture d’avant-garde. Il ne fonctionne que grâce au bénévolat et aux donations de certaines associations. « Une fragile communauté, ni verticale, ni horizontale ».

Le Train de François Girard - Survival Research Laboratories (1985)


Sans autorisation, une mise en ligne de fait

UbuWeb met en ligne la plupart des contenus sans autorisation. Le site grandi au fur et à mesure que les documents arrivent au sein de l’association. Kenneth Goldsmith bénéficie d’une reconnaissance suffisante pour que les diffuseurs ou les artistes n’aient jamais tenté de saisir la justice pour le « piratage » de fait des documents mis en ligne. La plupart des artistes, à l’image de Yann Beauvais, dont certains films sont présents sur Ubu, ou des diffuseurs comme Light Cone, reconnaissent le travail d’UbuWeb et accepte que leurs œuvres soient mises à disposition du plus grand nombre. «Voyons les choses en face, si nous devions avoir l’autorisation de tout le monde sur UbuWeb, il n’y aurait tout simplement pas de Ubuweb » se justifie le site.

Three Transitions de Peter Campus (1973)


Pourtant, en octobre 2010, les Inrockuptibles faisaient état de menaces pesant sur le site, en lien avec la lutte anti-piratage. UbuWeb avait en effet été « hacké » temporairement, sans que l’on sache si l’acte émanait d’ayants-droits ou non.


Pour aller plus loin :

F.G, T.L


Rencontre avec Yann  Beauvais : le cinéma expérimental et sa diffusion sur Internet

Né en 1953, Yann Beauvais est cinéaste et critique de cinéma. Artiste de cinéma expérimental, il a, depuis 1976, réalisé une trentaine de films courts et d’installations, où l’artiste cherche un équilibre entre formalisme et lyrisme. Commissaire de nombreuses expositions, enseignant dans plusieurs universités, programmateur à l’American Center, et intervenant régulièrement dans différents musées, il est surtout le fondateur de Light Cone en 1982, aux côtés de Miles McKane. Cette structure associative sous forme de coopérative, est dédiée à la distribution, la promotion et la sauvegarde du cinéma expérimental en France et à l’étranger.

Ses collections, comportant de nombreux films rares, sont formées de plus de 2000 films réalisés par 350 cinéastes. Parmi lesquels, des artistes d’avant-garde de l’entre-deux-guerres (Marcel Duchamp, Jean Cocteau, Germaine Dulac, Laszlo Moholy-Nagy) ou de l’après-guerre (Maya Deren), des artistes des années soixante et soixante-dix (Christian Boltanski, Daniel Buren, Gordon Matta-Clark, Robert Smithson), des œuvres relevant du Journal filmé (Jonas Mekas, Jan Peters), du cinéma gay et lesbien (Barbara Hammer), du film structurel ou abstrait (Paul Sharits, Michael Snow), du montage d’image ou de l’échantillonage (Jürgen Reble, Cane Capovolto), du cinéma du corps ou de la performance (Valie Export, Carolee Schneemann) ou de l’Expanded Cinema (installations, multi-écrans…).

Yann Beauvais : le cinéma expérimental et la création de Lightcone


Yann Beauvais : le cinéma expérimental et sa diffusion sur Internet


F.G, T.L


La création du portail 24-25 : entretien avec Emmanuel Lefrant

Cinéaste né en 1975, Emmanuel Lefrant réalise des films contemplatifs et hallucinatoires où l’abstraction se veut actrice ou productrice d’émotions et d’expériences subjectives.
Parallèlement à son travail d’artiste, il est depuis 2007 le directeur de Light Cone et, dans ce cadre, a largement contribué au développement du portail 24-25.fr

Emmanuel Lefrant, All Over (2001)

« Light Cone est une association qui existe depuis 1982 et nous avons participé au plan de numérisation du Ministère de la Culture avec un département qui a l’époque s’appelait la mission Recherche et Technologie dans le cadre de programme de numérisation des collections audiovisuelles françaises. Nous avons participé au premier plan en 2005, en numérisant essentiellement des films super 8 et 16 mm et en les mettant en ligne sur le site de Light Cone. Nous avons aujourd’hui près de 900 films en ligne. Dans un second temps, le Ministère avait comme intention de créer un projet fédérateur, à savoir de s’associer avec d’autres collections audiovisuelles pour créer un portail. Il était prévu au départ que le projet soit porté par les institutions dans la mesure où elles ont les capacités budgétaires qui ne sont pas les nôtres, mais les lourdeurs bureaucratique de ces instituions n’ont jamais permis à ce qu’elles portent le projet. Comme Light Cone était le partenaire associatif le plus avancé du point de vue de la technologique, on nous a demandé de porter le projet que nous coordonnons depuis 3 ans. Chaque année, le Ministère de la Culture poste un appel à projet auquel on répond. La première phase du projet comportait sept partenaires, tous associatifs. Les collections qui font partie du portail sont spécifiquement françaises puisqu’il s’agit de l’argent public et de financements qui viennent du Ministère de la Culture. D’ici la mi-mars, nous sommes en train de travailler à l’intégration du projet 2010 comprenant principalement les collections du département Cinéma et Nouveaux Médias du Centre Pompidou et celle du Fonds National d’Art Contemporain. En principe, en 2011, nous devrions intégrer celles du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, du MACVAL, de la Bibliothèque Kandinsky et du Centre Simone de Beauvoir. Cela dit, le projet 2011 est en suspens car nous attendons les résultats d’ordre budgétaire, car ce sont des projets coûteux. »

« Toutes les structures de type institutionnel sont financées à 100% par le Ministère de la Culture et leurs enveloppes budgétaires sont gérées à part, tandis que les structures associatives sont gérées à 50% uniquement. Light Cone, en tant que porteur de projet, reçoit de l’Etat une enveloppe budgétaire globale de 150 000 euros en 2010, avant qu’ait lieu un arbitrage budgétaire qui permet de savoir comment l’argent va être redistribué. Une partie de l’argent -60 000 euros- est destiné à développer le portail qui est un outil commun à l’ensemble des structures, tandis que les 90 000 restants sont distribués selon une grille de critères assez complexes à l’ensemble des partenaires pour numériser leurs collections. Évidemment, il y a un long travail juridique qui consiste à contacter tous les ayants droits un à un pour leur demander la permission de mettre les films en ligne. Parmi les films de Light Cone, un certain nombre ne seront jamais en ligne car les ayants droits ne donneront jamais leur autorisation soit car ils sont gérés par quelqu’un d’autre, soit car certains cinéaste ne veulent pas que les films apparaissent en ligne ou soient montrés autrement que dans leur format original. Mais par ailleurs, un très grand nombre de films n’ont pas été numérisés car nous n’avons pas obtenu les fonds pour le faire. »

« Toute l’offre du portail 24-25 est légale, contrairement à celle d’Ubu. Ubu, c’est l’entreprise d’un seul homme qui a décidé de monter ce portail pour mettre à disposition du grand public un certain nombre d’œuvres rares. Il y a sur Ubu beaucoup de films qui sont distribués par Light Cone. Nous ne leur avons jamais intenté de procès car nous respectons leur démarche éditoriales : Ubu propose un contenu très intéressant et totalement inaccessible. Nous, nous sommes juste dépositaire de films, on gère les droits d’un certain nombre de cinéastes mais pas de manière exclusive. On peut tout au plus les avertir que tel film est posté sur Ubu.»

« Sur le portail, il n’y a pas que de la vidéo d’art, mais un certain nombre de formes cinématographiques ou vidéographiques. Le sous-titre dit « cinéma expérimental, d’avant-garde,  cinéma d’artistes, art vidéo, essais documentaires etc. » Le portail regroupe l’ensemble des formes qui relèvent de l’image en mouvement en marge de l’industrie cinématographique traditionnelle qui, elle, circule dans le réseau des salles agréées par le CNC. Après, qu’est-ce qui différencie le ciné expérimental du ciné underground ou du film d’avant-garde… des appelations, il y en a des milliers ! »

« La cible de ce portail est assez large. D’un côté, et avant tout, n’importe quel internaute, c’est-à-dire le curieux celui qui se balade et qui découvrira des choses qu’il ne verra pas ailleurs. D’un autre côté, le portail a l’ambition d’être un outil destiné aux professionnels -commissaires d’exposition, programmateurs, chercheurs- de manière à pouvoir en quelques clics trouver une œuvre et savoir où il est possible de la visionner, si elle n’est pas déjà en ligne sur le portail. Mais l’ambition semi-avouée du portail, c’est de pouvoir à terme remplir un certain nombre de critères technologiques de manière à pouvoir moissonner et être moissonné par Europeana, le grand portail du patrimoine culturel européen. »


F.G, T.L

Le concours YouTube Play/Guggenheim

quand YouTube entre dans le monde fermé de l’art vidéo


En octobre 2010, devant le bâtiment construit par Frank Lloyd Wright à New York, s’est tenu une grande soirée de gala en l’honneur de 25 lauréats d’un genre nouveau au Guggenheim.

Concours internet, fruit d’un partenariat entre la prestigieuse institution et le leader des plateformes vidéos Youtube, la première « Biennal of creative video » baptisée Youtube Play a été lancée en juin 2010, en grande pompe sur le site Youtube.

Pour Youtube, il s’agissait de montrer que la vidéo en ligne pouvait acquérir le statut de vidéo d’art, malgré la « mauvaise réputation » de la plate-forme, plus connue pour ses vidéos virales de chats mignons que pour la qualité créative. Pour le Guggenheim, montrer que le musée était en accord avec son temps et même un chercheur de talents.

23 000 vidéos, 25 finalistes

Le principe : tout le monde pouvait participer, en soumettant une vidéo sur le site dédié, pourvue que celle-ci ait été faite il y a moins de deux ans et qu’elle n’excède pas une durée de 10 minutes. Au final, 23 000 vidéos ont été visionnées, de 93 nationalités différentes.

Après un sérieux écrémage, 125 vidéos ont été sélectionnées, et montrées à un jury prestigieux, composé entre autres de l’artiste Takashi Murakami, des cinéastes Apichatpong Weerasethakul (Palme d’or à Cannes en 2010) et Darren Aronofsky, sous l’égide de la directrice du musée Guggenheim de New York, Nancy Spector.

Le jury a choisi 25 vidéos, allant du film documentaire, au film d’animation, en passant par le clip musical. Le choix a été annoncé en octobre 2010, au même moment où la plate-forme Vimeo, concurrente de Youtube, organisait ses propres « Vimeo Awards ».

Paradoxe du concours Youtube Play : les vidéos primées ont été exposées dans les lieux physiques des quatre branches Guggenheim, Venise, Bilbao, New York et Berlin. Comme si Youtube, pour prouver sa légitimité en la matière, avait besoin d’un espace concret, en dehors du net …

La sélection dresse un éventail très large de vidéos, parmi lesquelles celle d’un français, Pierre-Axel Vuillaume Prézeau.

Le Syndrome du Timide de Pierre-Axel Vuillaume Prézeau


Focus sur un lauréat : Pierre-Axel Vuillaume Prézeau

Jeune réalisateur de 24 ans, Pierre-Axel Vuillaume Prézeau sort de l’Ecole Cinécréatis  de Nantes avec un CV déjà bien fourni. Son « Syndrome du timide » primé par Youtube Play n’est pas la seule de ses réalisations lauréates de différents festivals. « La menace vient de l’espace » est une de ces créations.


Entretien :

F.G, T.L


Du point de vue des artistes

Les différents portails de diffusion de vidéos d’art sur Internet sont l’occasion de découvrir des centaines d’artistes vidéastes et de cinéastes expérimentaux. Que pensent-ils de la mise en ligne de leur travail diffusé sur pointligneplan, plateforme qui a fait le choix d’un accès payant ? Quelques réponses d’artistes.

Eléonore de Montesquiou

Artiste française ayant longtemps vécu dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale (Allemagne, Autriche, Estonie, Russie), Eléonore de Montesquiou interroge la question des identités et des frontières à travers des films-conversations à la limite entre art vidéo et documentaire où l’homme est confronté à son habitat et à l’environnement qui l’entoure.

« Je suis totalement pour le libre accès à l’art en ligne, je suis contre le copyright et tout à fait pour la circulation sur le net. Certains portails font payer une petite somme, symbolique, comme pointligneplan , mais à vrai dire, peu m’importe. Une fois les films faits et montrés dans les endroits qui sont importants (le plus souvent en Russie et en Estonie, car ce sont de ces pays et de leurs habitants que traitent mes films), le reste de la diffusion, libre ou non, payante ou non, ne me concerne plus. Et si la qualité des vidéos en ligne peut desservir en un sens le film, je pense aussi qu’aujourd’hui, les spectateurs sont assez avertis et entraînés pour comprendre l’image en fonction du format. »

« I practice » d’Eléonore de Montesquiou

Erik Bullot

Réalisateur de nombreux courts, moyens et longs métrages, Erik Bullot tisse, à travers la vidéo, la photographie et l’écriture, une relation à la réalité faite de strates, de nuances et de mélange. Un cinéma qui, en tant qu’outil de mise en forme du monde, nous invite à voir ailleurs.

« Difficile de résister totalement aux transformations successives de la diffusion. Personnellement, certains de mes films sont en ligne, gratuitement, sur le site du Festival Pocket Films. Ceux-ci sont réalisés avec un téléphone mobile. Les diffuser sur Internet (bien qu’ils soient à l’origine destinés à la projection) me semblait dans la logique de leur production. Pointligneplan est une tentative de diffusion en VOD d’un cinéma de recherche, difficile, proche des arts plastiques. Ces deux modes de diffusion obéissent à des logiques différentes.

Sur mon site personnel, en revanche, je n’ai mis en ligne aucun film. Je reste assez sceptique sur une diffusion à tout-va. Je tiens à préserver les modes de diffusion plus traditionnels, c’est-à-dire essentiellement la projection en salle ou la diffusion en installation dans un lieu dédié à l’art contemporain en m’assurant des conditions techniques.

Jusqu’à quand serai-je en mesure de tenir cette position ? Je ne sais pas. Je serais, personnellement, pour raréfier la diffusion et soustraire les films à une fausse visibilité (car la fréquentation des sites reste modeste). Mais la situation change sans cesse. La consultation en ligne est discontinue, proche d’une recherche en bibliothèque.  C’est une diffusion d’une autre nature. »

« Le singe de la lumière » d’Erik Bullot

Christelle Lheureux

Artiste et réalisatrice française, Christelle Lheureux réalise depuis 1997 des installations vidéo, avant de développer, plus récemment, un travail de cinéma en réalisant plusieurs courts et un long métrage en 2009, Un sourire malicieux éclaire son visage.

« Il me paraît évident que la diffusion de mes vidéos d’art sur le web sert mon travail, notamment en raison d’une diffusion à plus grande échelle. En ce qui concerne la qualité des vidéos, j’adapte les projets en fonction de leur diffusion. Par exemple, je ne réaliserais pas de films en HDCam, car ce serait un dispositif bien trop fragile pour ce type de diffusion. Je fais confiance aux spectateurs qui téléchargent aussi d’autres films et, a priori, tentent de les regarder dans de bonnes conditions. Mais je considère cela comme du « visionnage », comme on regarderait un DVD par rapport à une projection en salle avec du public.Pour la majorité de mes projets, il me semble que leur diffusion doit être payante, ce qui ne m’empêche pas de la souplesse, due notamment au support Internet dont beaucoup de premiers contenus sont gratuits. Sinon comment vivre de son travail ? Et comment produire des films qui restent gratuits ? »

« L’expérience préhistorique » de Christelle Lheureux

 

Arnold Pasquier

Cinéaste et metteur en scène, Arnold Pasquier est l’auteur de vidéos d’art, de documentaires et de fictions. Au croisement de plusieurs disciplines, son œuvre multiforme questionne l’amour, le corps et l’espace.

« Avant des diffusions sur la plate-forme VOD de pointligneplan, j’avais mis en place (depuis 5 ans) un blog en forme de site personnel d’artiste qui est un lieu de diffusion pour mes films. J’avais en effet fait le constat que beaucoup de mes films, après quelques diffusions, parfois confidentielles, restaient sur l’étagère. Plutôt que de les y laisser, les mettre à disposition de la curiosité de personnes intéressées par mon travail ou qui le découvre par hasard était une solution. En montrant tout, jusqu’à mes premiers films dont certains n’ont jamais été présentés, je constitue une œuvre où chaque pièce est la partie d’un tout.

La qualité relative de l’image et du son n’est pas un handicap, car je ne veux pas que mon site se substitue à des diffusions « classiques », c’est un portail d’indices, une introduction, pas une fin en soi. Il m’a permis, grâce à des programmateurs qui font « leurs courses » sur la toile, de participer ainsi à des diffusions en salle.

Pour moi la question n’est pas directement une question de gratuité, lorsque je mets en ligne mon film sur Dailymotion. Ce n’est pas « Chouette pour vous, un film gratuit » mais « Je fais ce travail, si cela vous intéresse, je vous offre le loisir de le regarder ». La question du coût, de la gratuité est alors très éloignée de mon geste.

Cependant, le projet de VOD mis en place par pointligneplan sur leur site propre, puis récemment sur MUBI pour mon long-métrage est une chance. Mais paradoxalement, si le fait que « Celui qui aime a raison » qui est en ligne depuis deux semaines m’enchante, ce n’est pas tant pour les recettes éventuelles, mais bien parce que je sais qu’il y a 33 personnes (aujourd’hui) qui l’ont vu, dont je ne sais rien, complètement distants de moi et de mon cercle et qui voient un travail, soudain réactivé. Un accès de qualité à mes films doit  être payant, même pour une somme modique, car un prix est aussi gage de respect d’un travail. »

« Regarder, Comprendre, Créer (Culture en danger) »
 d’Arnold Pasquier


Marie Laval-Jeantet (Art Orienté Objet)

Duo artistique formé par Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin, Art Orienté Objet interroge, à travers différentes pratiques (installations, vidéo, performance, photographie), les conditions d’existence du vivant, aux frontières entre l’art et la science.

« Je ne suis pas contre la diffusion de notre travail sur internet, sachant que malheureusement la qualité de diffusion est mauvaise, ce qui permet aussi de les protéger en tant qu’œuvres… je m’apprête du reste à les mettre sur notre site internet. Je suis pour un libre accès, dans la mesure où la qualité internet n’est pas une qualité broadcast ou expo exploitable… mais c’est à discuter au cas par cas… car il reste la question du pompage par le secteur de la pub de la créativité artistique, dont ils manquent visiblement. J’ai assisté aux visites de la FIAC par les créatifs de tous bords, crayons et magnéto dehors…  Assez inévitablement hélas, une œuvre sur internet est copiée et dévoyée, et perd son essence poétique, donc mon avis reste partagée. »

Installation « La persistance déraisonnable à faire de l’art »
 Art Orienté Objet


Cédric Eymenier

Vidéaste, mais aussi photographe, musicien et scénographe, Cédrick Eymenier a fondé avec son frère Guillaume le site CoriolisLab. Dans sa série de films Platform, il questionne l’espace urbain en douze étapes.

« Au fond il me semble que cela dépend surtout de l’attention, qui n’est ni quantifiable, ni contrôlable, ni lié au fait de consulter sur internet plutôt qu’en salle ou dans une exposition… L’attention est LA seule donnée qui me semble importante. Or il nous arrive tous de s’endormir devant un film, au cinéma, confortablement assis, alors qu’on va regarder le même film sur le petit écran d’un téléphone moderne de A à Z. L’inattention est certainement la première cause d’accidents automobiles, mais étant donné qu’il n’existe aucun moyen de la mesurer, les gendarmes se basent sur la vitesse et le taux d’alcoolémie. De la même façon, l’artiste ne peut pas contrôler le degré d’attention d’un spectateur qu’il soit sur internet ou ailleurs.

En l’occurrence, c’est précisément ce qui m’intéresse dans mon travail: quand et comment devient-on attentif (ou non) à quelque chose…En outre, je suis absolument contre la loi Hadopi. Et je ne crois pas qu’il y ait une solution unique à ce vaste faux problème, ni de possibilité de l’envisager de façon manichéenne (payant ou gratuit). Cela dépend des situations et de plusieurs de facteurs, comme le contexte, la durée… »

« Within These Walls » interprété par Damon & Naomi.
 Vidéo de Cédrick Eymenier

Christian Merlhiot

Réalisateur français, Christian Merlhiot est à l’origine d’une vingtaine de films qui fragilisent sa vision du monde plutôt que de la soutenir et introduit une distance avec la diversité des sujets dont il traite, comme si le cinéma était un corps étranger. Il est par ailleurs le fondateur de pointligneplan.

« Avec pointligneplan, qui est un collectif œuvrant à la diffusion des films au croisement du cinéma et de l’art contemporain, nous avons créé des outils pour assurer une diffusion large des films que nous soutenons. Nous avons mis en ligne une collection constituée de 100 films sur le site et pour ce faire, nous avons réalisé de nombreux essais techniques quant à la qualité de réalisation des fichiers. Nous avons opté pour un téléchargement physique des fichiers en format DivX qui assure la meilleure qualité technique possible aujourd’hui, largement  supérieure à celle des films que l’on visionne en streaming. De cette manière, nous n’avons aucun problème de qualité à diffuser les films sur internet.

Ce mode de diffusion assure un des accès possibles aux films, c’est un accès complémentaire à la diffusion en salle, à la diffusion dans les festivals, à la diffusion dans les musées et dans les institutions culturelles ou artistiques. La circulation des films de la nature de ceux que nous diffusons ne se cantonne pas aujourd’hui à un seul lieu, un seul support, un seul média.

Pour ce qui est de l’accès payant ou gratuit des films, nous avons pu monter une collection avec l’appui de 43 artistes et cinéastes parce que nous leur apportons l’assurance d’un minimum de revenu garanti lié à leur travail.Les artistes qui désirent mettre en ligne leurs films ou certains de leurs films gratuitement peuvent le faire à titre individuel. Il ne peut s’agir d’une initiative collective comme celle de pointligneplan. »


Le Procès d’Oscar Wilde de Christian Merlhiot


F.G, T.L


Bibliothèque de liens

Quelques sites d’institutions et d’associations de collections et de diffusion de cinéma expérimental et d’art vidéo.


24-25 www.24-25.fr

Adaweb www.adaweb.com/adaweb

Archives françaises du film www.cnc-aff.fr

L’art vidéo – Musée web www.artvideo.free.fr

Artifices / Laboratoire d’art de Paris 8 www.ciren.org/artifice

Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir www.centre-simone-de-beauvoir.com

Centre national des Arts plastiques-Fonds national d’art contemporain www.cnap.fr

Centre pour l’image contemporaine (Saint-Gervais, Genève) www.sgg.ch

Cinédoc – Paris Film Coop http://www.cinedoc.org

Circuit Court www.circuit-court.org

Collectif Jeune Cinéma www.cjcinema.org

Constant VZW www.constantvzw.com

CreativTV www.creativtv.net

Dailymotion www.dailymotion.com

Encyclopédie Nouveaux Médias www.newmedia-art.org

GAMA www.gama-gateway.eu

Heure exquise ! www.exquise.org

Les Instants vidéo www.instantsvideo.com

Light Cone www.lightcone.org

Musée national d’art moderne – Centre Pompidou www.centrepompidou.fr

Museum Ludwig (Cologne) www.museenkoeln.de/ludwig

Le Peuple qui manque www.lepeuplequimanque.org

PointLignePlan www.pointligneplan.com

Rencontres internationales Paris/Berlin/Madrid www.art-action.org

Videoformes www.videoformes-fest.com

UbuWeb www.ubu.com

VideoArt www.videoart.net

Video Data Bank www.vdb.org

Vimeo www.vimeo.com

Youtube www.youtube.com

World Wide Video Festival http://www.wwvf.nl

 

Quelques artistes

01zu http://01zu.free.fr

Aï-Hz www.eyehz.com

Vito Acconci www.acconci.com

Doug Aitken www.dougaitkenworkshop.com

Beatrice Valentine Amrhein www.beatricevalentineamrhein.com

Art Orienté Objet www.artorienteobjet.com

Cécile Babiole www.babiole.net

Roland Baladi www.rolandbaladi.org

Gilles Balmet http://gillesbalmet.free.fr

Matthew Barney www.cremaster.net

Stéphan Barron www.dvdremix.orgwww.technoromanticism.com

Joël Bartolomeo www.joelbartolomeo.com

Yann Beauvais www.yannbeauvais.fr

Erik Bullot www.lecinemadeerikbullot.com

Olivier Bosson http://olivierbosson.free.fr

Pierre Yves Clouin http://c-x-p.net

Jordi Colomer www.jordicolomer.com

Ronald Dagonnier www.ronalddagonnier.be

Sibylle Deluxe http://sib.deluxe.free.fr

Anne-Sophie Emard www.annesophieemard.com

Cédrick Eymenier www.coriolislab.org

Fluxus www.panix.com/~fluxus/fluxusText.html

Fred Forest www.fredforest.com

Marie-Ange Guilleminotwww.ma-g.net/blog

Hellaimorth www.hellaimorth.com

Gary Hill www.garyhill.com

Fabrice Hybert www.hyber.tv

Michel Jaffrenou http://sites.google.com/site/jaffrennou

Loïc Jugue http://loic.jugue.free.fr

Kalamour (Abdellatif Farhate) www.kalamour.blogspot.com

Olga Kisseleva http://kisseleva.free.fr

David Lasnier www.antisynoptique.com

Lefdup & Lefdup www.lefdup.com

Christelle Lheureux http://christelle.lheureux.free.fr

Darrin Martin www.darrinmartin.com

Yann Minh www.yannminh.net

Jean-Baptiste Mondino www.jeanbaptistemondino.com

Eleonore de Montesquiou www.eleonoredemontesquiou.blogspot.com

Joachim Montessuis www.autopoiese.org

Compagnie Mulleras www.mulleras.com

Clément Oberto www.clementoberto.com

Melik Ohanian www.omwk.com

David Ortsman www.davidortsman.com

Tony Oursler www.tonyoursler.com

Nam June Paik www.paikstudios.com

Gilles Papain www.gillespapain.com

Philippe Parreno www.airdeparis.com/parreno.htm

Arnold Pasquier www.arnoldpasquier.com

Artavazd Pelechian www.artavazd-pelechian.net

Jean-Gabriel Périot www.jgperiot.net

Fabien Plasson http://fabione.free.fr

Pipilotti Rist www.pipilottirist.net

Heesham Rafie http://heeshamrafie.ifrance.com

Systaime (Michaël Borras) www.systaime.com

Pierrick Sorin www.pierricksorin.com

Katerine Thomadaki & Maria Klonaris www.klonaris-thomadaki.net

Hervé Trioreau http://herve.trioreau.free.fr

Stéphane Trois Carrés http://printemp04.free.fr

Steina & Woody Vasulka www.vasulka.org

Pierre et Jean Villemin www.pierreetjeanvillemin.fr

Bill Viola www.billviola.com

3 Réponses to “Quelle place pour le cinéma expérimental et la vidéo d’art sur Internet ?”

  1. Nisic 9 mars 2011 à 22:35 #

    Merci pour cette mise en perspective
    Il faudrait sans doute parler aussi du Collectif Grand Canal, première collectif de diffusion du video art français dans les années 80 et son site historique : http://grandcanal.free.fr/

    Mais il est vrai que certaines institutions essaient de réécrire l’histoire…

  2. Zilda 16 juin 2011 à 18:31 #

    Intéressant cet article !
    En complément, je vous propose un lien : http://graff.video.free.fr
    Une nouvelle forme d’art vidéo, mais c’est aussi une nouvelle pratique du graff avec la lumière, la caméra étant manipulée comme une bombe de peinture :))

  3. ligero 6 décembre 2011 à 20:58 #

    Bonjour Culturbulence,
    Mon sujet de mémoire s’intéresse aux plateformes web spécialisées. Votre article constitue une source d’information utile, serait-il possible de le citer ?
    Bien cordialement
    Emmanuelle ligero

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