Le graffiti à la lumière des galeries

15 Fév

"Tag" ©Le Grand Palais, Paris

Le graffiti à la lumière des galeries

Bonne nouvelle ou fin d’un genre underground ? Les tensions entre les artistes du milieu résonnent jusque dans l’espace public.

Né dans les rues de New-York à la fin des années soixante-dix, le graffiti semble plus que jamais dans l’air du temps. Des galeries d’art aux musées nationaux, en passant par les boutiques de prêt-à-porter et les salles de cinéma, il est partout.  Tendance de ces derniers mois : les figures phares du mouvement sont à l’affiche. Le graffiti se perd-il en rejoignant les lieux institutionnalisés ? Éclairage.

©Jean-Michel Basquiat

Sous les projecteurs de ces derniers mois caracole en tête le New-yorkais Jean-Michel Basquiat qui, plus de 20 ans après sa mort, investissait le 15 octobre dernier le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris pour une toute première rétrospective parisienne. Basquiat c’est cet artiste noir, tourmenté, drogué, qui meurt d’une overdose le 12 août 1988. Il n’a alors que 27 ans, et 10 ans de carrière derrière lui, et pourtant… avec plus de 1000 peintures et 2000 dessins, il est aussi l’un des artistes les plus productifs de sa génération. « Un artiste surdoué » dixit Marie-Sophie Carron de la Carrière, la commissaire de l’exposition. C’est en moins de 5 ans qu’il passera des murs de Brooklyn à la couverture du New York Times. Il fait partie de ceux qui n’ont pas eu besoin d’attendre d’être mort pour être célèbre. Ça tombe bien, il avait toujours eu en lui ce désir de gloire, volonté irrépressible d’être sur le devant de la scène. Là-dessus, Marie-Sophie Carron de la Carrière est très claire : « le graff c’est dessiner, écrire, utiliser une peinture aérosol sur les murs de la ville pour écrire des mots […] mais ça a une nature totalement éphémère […] ça ne pouvait pas suffire à ses ambitions ». En 1979 : SAMO tombe le masque et devient Jean-Michel Basquiat, quitte le mur pour la toile, la rue pour les salles de musées. A peine trente ans ont passé, et le voilà au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris où, en trois mois, plus de 352.000 visiteurs se sont pressés pour venir admirer la centaine d’œuvres exposées, de l’esquisse sur microscopique bout de papier au réfrigérateur personnalisé. Un record d’audience historique pour le musée parisien.

© Jean-Michel Basquiat

Faute d’une exposition au Musée d’Art Moderne, c’est dans les salles obscures que le britannique Banksy aura fait le buzz en 2010. Après avoir agités les festivals de Sundance et Berlin, Faites le mur !, film mi-documentaire mi-autopromotion, s’offre même une sélection aux Oscars dans la catégorie « meilleur documentaire ». Avec plus de 5 millions de dollars de chiffre d’affaire mondial et 100 000 entrées rien qu’en France, Faites le mur ! est bel et bien un carton. A croire que l’irrévérence de cette satire quasi farcesque sur le monde de l’art a su séduire les foules. Il faut dire que, fidèle à lui-même, Banksy sait cultiver le mystère. D’abord sur son identité, qu’il n’est toujours pas prêt de révéler au public, mais aussi sur ce fameux Mr Brainwash, superstar du film, à la vue duquel on ne peut s’empêcher de se demander ce que cachent ses épais favoris.

Banksy joue la carte de la provocation.
Ici, il incruste l'une de ses œuvres dans un musée de Londres.

Basquiat, Banksy : deux beaux succès, certes, mais à en croire le cas Blu, pas assez pour asseoir définitivement le graffiti dans le monde de l’art. En effet, répondant à une commande du MOCA (Museum of Contemporary Arts) de Los Angeles, l’artiste italien a vu, le 12 décembre dernier, son œuvre passé à la chaux. Une fresque monumentale représentant des cercueils recouverts de billets d’un dollar que le directeur du MOCA, Jeffrey Deitch, a jugé « inappropriée » et a donc décidé de censurer. Une décision qu’il ne se serait sans doute pas permis de prendre avec l’un des artistes exposés dans les galeries du Musée.

Blu, censuré au Moca de San Fransisco en décembre dernier

Du Tag au graffiti

Kelfirst, Crash, Kase 2, Mace 139 (de haut en bas), présentés à l’exposition « Tag » au Grand Palais, du 27 mars au 3 mai 2009 ©LeGrand Palais

En posant leur nom au marqueur sur les murs du New York des années  soixante, Taki 183, Cornbread et Cool Earl n’imaginaient pas qu’ils venaient de signer l’acte de naissance d’un tout nouveau genre : le tag.

Visible aujourd’hui sur les cinq continents, le tag s’est complexifié, est passé de la simple signature réalisée au marqueur à la fresque murale, le graffiti, conçue à la bombe ou par le biais d’affiches collées en série. Les spécialistes englobent généralement cette pratique derrière le terme de street art, regroupant ainsi toutes les formes d’art urbain, de la danse hip hop au théâtre de rue. Il est en effet difficile de donner une définition précise à ce mouvement hétéroclite qu’est l’art mural.

Et l'amour mon amour, Paris ©Miss.Tic

Réputé pour son caractère underground et déviant, le graffiti sort rapidement de l’ombre. Au début des années quatre-vingt, les galeries exposent pour la première fois en France des œuvres dites « murales ». Les « puristes » s’indignent, rappellent à l’ordre leurs « collègues » en train de vendre leur âme au diable. Le graffiti est selon eux un acte de la rue, puissant parce que déviant. Alors peut-on encore faire du graffiti à l’heure où le street art investit les galeries ?

Artistes avant tout

Parmi tous ces noms qui œuvrent dans la rue, certains ont su se faire reconnaître en tant qu’artistes et ainsi briller à la lumière des galeries. C’est le cas de Miss.Tic, référence du street art en France. En 1985 elle pose son premier pochoir sur un mur de Paris. Un an plus tard, elle présente sa première exposition, « Pochoirs », à la galerie du Jour Agnès B.

Elle se dit aussi à l’aise à l’extérieur qu’en intérieur. « Je travaille d’abord sur un support de peintre. Ensuite je fais une sélection pour la rue. » Pour JR, le photographe colleur d’affiches, « l’intérieur complète l’extérieur ». Olivier Rizzo, alias Speedy Graphito, peint lui aussi à la fois pour les rues et pour les galeries. « Quand je vends une toile, je ne vends pas mon âme, je me donne juste du carburant pour pouvoir continuer à produire.»

© Speedy Graphito (Paris)

Mathilde Jourdain, responsable de la galerie MathGoth, distingue deux groupes : « les street artistes, qui se revendiquent artistes, et ceux qui agissent uniquement pour le plaisir que procure l’illégalité. » Les premiers sont sortis dans la rue parce qu’elle représentait leur seul moyen d’expression. Ils n’éprouvent souvent aucun plaisir à effectuer un acte déviant. La plupart du temps, ils minimisent les risques en collants des affiches plutôt qu’en utilisant le marqueur ou la bombe.

« C’est très contraignant d’être dans l’illégalité, explique Miss.Tic. J’ai passé plusieurs nuits blanches dans les postes avec fouilles au corps et tout le reste. Je préfère être dans la légalité. C’est beaucoup plus agréable. » Même discours pour Speedy Graphito : « L’illégalité n’a jamais été mon moteur créatif. »

Fresque réalisée par Azyle, arrêté en juin 2007 avec Vices par les policiers du service régional des transports ©DR

Éloge de la déviance

D’autres au contraire célèbrent la déviance, refusant d’être étiquetés « artistes ». Pour eux, l’acte provocateur compte plus que le résultat final. Ainsi Lokiss conçoit le graffiti comme un « slogan qui tâche ». « Le graffiti est une tumeur sur un tissu urbain quadrillé, encadré, régi par la grande loi de l’ordre social. »

Mathieu, jeune graffeur de Cergy, affirme agir principalement pour le plaisir de transgresser les règles. « C’est jouissif. » On apprend pourtant que lui aussi a vendu des toiles. « Il faut bien gagner un peu d’argent. Mais dans le cadre d’une commande, un thème m’est souvent imposé. Je ne ressens pas le même plaisir que lorsque je sors avec ma bombe en pleine nuit. »

Affiche du flm "Faites le mur" réalisé par Banksy sorti en décembre 2010 en France ©Banksy

Ambiguïtés

Cet écart de conduite avoué par Mathieu nous pousse à nous méfier du discours des puristes. Si une poignée d’entre eux est sincèrement convaincue par ce discours paradoxalement conservateur, ils sont nombreux en réalité à avoir mal digéré la reconnaissance de leurs confrères. « C’est très compliqué d’arriver sur une toile » explique la responsable de la galerie MathGoth. Une œuvre murale splendide peut devenir médiocre une fois transposée sur une toile. « En vain ou avec succès, ils ont tous essayé la transposition, il faut le savoir ! »

Quelques frustrés se réfugient alors derrière un masque de résistant. Fustiger ses collègues fait partie du jeu, d’autant plus si l’un d’eux transgresse les règles en s’exposant dans une galerie. Notons que dans le monde underground du street art, la compétition est rude. On veut toujours faire mieux que son voisin en agissant dans des endroits encore plus dangereux et inaccessibles. « Le milieu du graffiti est un milieu de commérages. Tout le monde se critique, précise Mathilde Jourdain. Cette guerre de l’ombre est encore plus présente chez les petits aigris qui n’ont jamais franchis le cap des galeries. »

Attention cependant à bien faire la différence entre l’acte sensé artistiquement ou politiquement et l’acte gratuit. Selon Mathilde Jourdain, « il y en a qui, au final, ne font que pourrir le système. Celui qui utilise du silex pour graver son nom sur les vitres du métro ou qui s’y prend à l’acide est à mettre dans le même sac que celui qui brise des carreaux à coups de pied de biche. […] Je mets vraiment à part ceux qui font du graffiti et les vandales. » Ce discours est dangereusement simplifié par certains politiques qui amalgament graffeurs et jeunes délinquants « banlieusards ». Pourtant, « contrairement aux idées reçues, dans les années quatre-vingt, ce sont les jeunes des milieux aisés qui peignent » rappelle Frank Sandevoir dans Y’a écrit kwa ?.

Exposition "Les Forces" ©Lokiss, La Place Forte, Paris

Peu importe qu’ils soient marginaux ou provocateurs bourgeois, pour Miss.Tic, il y a un peu de mauvaise fois derrière ce discours rebelle. « Si on leur fait un chèque, ça m’étonnerait qu’ils le refusent.»

La preuve, même les plus « authentiques » se laissent tenter par un instant de gloire. Après avoir incrusté ses créations illégalement dans les musées, Banksy, graffeur britannique, investit légalement le musée de Bristol en 2009 puis réalise son propre film  Faites le mur !, sorti en décembre 2010. Lokiss, connu pour son franc-parler, monte quant à lui début 2010 son lieu de création, la Place Forte, alors qu’un an plus tôt il « crachait » sur l’exposition Tag au Grand Palais. Oui mais, pour lui, c’est différent. « Cette foire aux bestiaux (« Tag », ndlr) […] faisait des recoupements culturels qui démontrent […] la méconnaissance absolue de la culture graffiti ou suburbaine et d’un opportunisme social assez nauséabond. » La Place forte veut au contraire « réintroduire du désir, du vacarme, de l’échange, de la confrontation dans le cube blanc et enfin déréguler les chapelles hygiéniques et labélisantes. »

Le 12 décembre 2010 lors de l'escamotage de l'oeuvre de Blu © Caset Caplowe/GOOD

La liberté d’expression sans limites revendiquée par les graffeurs est en effet souvent mise à mal dès lors qu’elle tombe entre les mains d’une institution. Speedy Graphito a ainsi refusé de présenter ses créations à l’exposition Tag « pour cause de contraintes trop restrictives ». Dernier exemple en date, le rejet des cercueils drapés de billets verts réalisés par Blu. Dans un musée il y a un règlement à respecter. « Comme tout mouvement, très vite des règles s’établissent, reconnaît Speedy Graphito. Cela a tendance à enfermer la créativité. »

Un mouvement d’une ampleur incontrôlable

Bien que les puristes tiennent corps et âme à son côté underground, le street art a émergé malgré lui à la lumière du jour depuis des années.

Création extraite de la série "Hip n'hop", par Éric Turlot, un peintre imaginant sa toile devenir mur. © Éric Turlot

De plus en plus d’artistes s’inspirent d’ailleurs de la rue pour créer. C’est la cas d’Eric Turlot, qui tente de reproduire l’énergie émanant du street art sur ces toiles dites « Hip’n hop ». « Les graffs changent, deviennent de l’art. Le renouveau de l’art passe par le street art, c’est évident. »

Le graffiti est à la mode et ce n’est pas pour plaire à tout le monde. « [Il] reste the last buzz qui fait bander le Tout Paris – tous les cinq ans environ depuis 25 ans -qui veut la jouer canaille. » lance Lokiss. Il n’y peut pourtant rien. Le grand public s’intéresse à l’art urbain, les spécialistes sont charmés, certaines entreprises tentent d’exploiter sa popularité. C’est notamment le cas des boutiques streetwear qui à la manière du collectif « Open Minded » reproduisent des graffitis sur leurs produits.

Pour les experts, il faut se réjouir de ce succès populaire international. Le street art a su se propager dans le monde entier, toutes les générations ont déjà vu un tag ou un graffiti. « Au fin fond de la Creuse vous pouvez même en voir ! » s’exclame un passionné un membre de l’association « Le Mur ». Grâce à internet, le graffiti n’est plus un acte éphémère supprimé par un vulgaire coup de kärcher. « Ce serait révoltant si le graffiti n’investissait pas les galeries. » poursuit Mathilde Jourdain. Le mouvement a pris une telle ampleur qu’il serait hypocrite de l’exclure des lieux culturels. Si Speedy Graphito a refusé d’être présent au Grand Palais en 2009, il affirme cependant ne pas « [condamner] cette exposition (« Tag », ndlr) et ses intervenants. La démocratisation de l’art le rend plus accessible et donc plus intégré dans la vie. L’art doit être vivant. »

Exposition "Tag" au Grand Palais du 27 mars au 3 mai 2009 ©Pierre Guillien

Après des années de lutte contre tags et graffs, les villes promeuvent désormais régulièrement l’art urbain. L’association « Le Mur » propose ainsi tous les quinze jours à un graffeur de venir « bomber » un mur situé rue Oberkampf. L’opération est subventionnée par la Mairie de Paris. Les membres de l’association s’amusent du comique de la situation. « Les politiques soutiennent notre action en autorisant des graffeurs à recouvrir un mur de la ville alors que la plupart d’entre eux ont ruiné le métro ! » souligne avec amusement le fondateur.

En réalisant l’exposition Tag, l’architecte Alain-Dominique Gallizia partait d’une bonne intention en désirant donner une place durable dans le monde de l’art à ceux qui voient leurs créations détruites parce que réalisées dans l’illégalité. « J’ai souhaité réparer cette injustice en offrant, par une simple toile, un support durable à ces artistes d’un nouveau genre » écrivait-il en avant-propos sur les communiqués de presse.

Parfois maladroits dans leur façon d’agir, les responsables d’institutions culturelles se font un devoir de montrer au public la richesse autrefois dissimulée de l’art urbain. Un devoir dont se passeraient bien les Banksy et autres Lokiss refusant la commercialisation d’un genre anti-système qui « se nourrit de son aliénation. »

Dans un milieu où les esprits et les genres diffèrent à chaque coin de rue, il est difficile de trouver un terrain d’entente. Même après quarante ans d’existence. « Je suis pour casser ses codes, clame Speedy Graphito. Il n’y a pas de règles et chacun doit suivre sa propre intuition. En être ou ne pas en être, cela n’a aucune importance. L’important est  d’être libre et de peindre comme on a envie. »

Du graffiti dans les galeries :

Rencontre avec deux graffeurs de la nouvelle génération : Tanc et L’Atlas lors du vernisage de l’exposition collective « Urban Activity » le 5 février 2011

Emma Aurange, Cécile David et Camille Thomine

Le graffiti, 50 ans d’histoire

Des premiers tags illégaux à New-York au début des années soixante-dix à l’entrée du genre dans les musées, la notoriété du graffiti ne cesse d’accroître. Le résumé de cinquante ans d’histoire en quelques images et dates clés :

Diaporama : Le graffiti, 50 ans d’histoire

E.A., C.D., C.T.

Être graffeur : Swoze témoigne

Les pionniers, le public les connaît mais qu’en est-il des autres, de ces amateurs qui ne se revendiquent pas artistes mais bien graffeurs, passionnés par un genre incompréhensible par ceux qui n’y ont jamais goûté. Alexis alias Swoze, graffeur du PSP Crew originaire de la banlieue parisienne témoigne.

Swoze, Paris ©Swoze, PSP Crew

A quand remonte tes premiers graffitis ?

Le graff a toujours fait partie de mon environnement : les grands frères de mes amis faisaient des tags, j’aimais l’esthétique, je dessinais tout le temps. […]Puis j’ai compris qu’il fallait voir les choses en grand pour se faire un peu remarquer : ne pas rester autour de chez soi, peindre le plus possible, tout le temps et partout.

Et l’aspect illégal, c’est important ?

Parfois, ça participe de l’adrénaline, bien sûr et surtout ça pousse à être plus rapide, à aller à l’essentiel. Mais ce n’est pas le but. Je ne cherche pas à dégrader ni à choquer, pas plus que je ne cherche à embêter la police ou la SNCF. Je graffe d’abord pour moi.

Concrètement, où, quand et comment peins tu ?

D’abord il y a le repérage, c’est le gros du travail. Dès que je prends le train ou l’autoroute, je guette les emplacements libres, c’est limite un réflexe. Car bien sûr on n’est pas censé repassé qui que ce soit, c’est une règle d’or. Une fois l’endroit repéré, il faut y aller le plus vite possible. Généralement je fais un tour le dimanche, pour voir ; je repère les va-et-vient et les rondes des maîtres chiens dans les dépôts de trains ; je laisse passer quelques jours, j’y retourne une seconde fois pour vérifier que rien n’a changé et j’y vais. C’est presque du cambriolage ! Bien sûr, ça se passe le plus souvent de nuit, pas avant 1h30. J’y vais seul ou à 2-3 ; pas plus pour ne pas être repérés. On reste environ 30 minutes, une heure grand maximum, le lettrage, le remplissage, le contour, les effets. On prend une petite photo et on rentre.

Et sur l’autoroute, comment ça se passe ?

On se gare près d’un point d’entrée accessible, le plus discret possible. Mais sur autoroute, il y a moins de challenge qu’en souterrain ou en dépôt : le plus souvent les flics ne s’arrêtent même pas. Alors que pour les galeries de métros, il faut repérer bien à l’avance, se procurer la clef 1101 – celle qui ouvre les portes qui nous intéressent et les trappes qui donnent sur la rue – puis faire attention à ses arrières et à sa peau, à cause des risques d’électrocution. C’est presque un jeu de stratégie. D’autant qu’il y a de plus en plus de surveillance : il y a des caméras dans les dépôts les métros et bientôt il y en aura dans les trains.

Quelle est ta pratique des terrains – usines désaffectées, murs autorisés…– ?

J’y vais bien sûr ; parce que c’est là qu’on trouve les prods les plus abouties, qu’on peut prendre tout son temps sans risque d’amende. Mais pour moi ce n’est pas vraiment du graff, il n’y a aucune visibilité du public ; c’est plus de l’entrainement, l’occasion d’expérimenter de nouveaux effets. C’est comme quand je dessine sur papier : je cherche des trucs, je bidouille… et au moment de peindre tout ça ressort, mais ce n’est pas calculé. C’est ce que je cherche : pouvoir obtenir ce que je veux, instinctivement.

Est-ce que tu as déjà eu affaire à la police ?

J’ai été interpellé cinq fois mais je n’ai jamais atterri dans un tribunal. La première fois c’était pour une devanture, à Strasbourg Saint Denis. J’ai couru autant que je pouvais mais le flic a réquisitionné un vélo et menacé de tirer. Avec le recul je sais qu’il ne l’aurait pas fait mais forcément ça impressionne. Ensuite quand c’est une première fois, on est convoqué à la « médiation », pour une discussion avec un procureur de la République. Si le propriétaire du store n’a pas porté plainte, on est quitte pour un sermon. Ce qui a été mon cas. Par la suite j’ai récolté quelques amendes salées car évidemment quand il s’agit de la RATP ou la SNCF, la plainte est systématique…Pour un train, ça peut aller jusqu’à 200 euros le mètre carré. Mais le risque principal, c’est la perquisition à domicile. Dans ce cas, ils fouillent dans ton ordinateur et tes photos pour retrouver trace de tout ce que tu as pu faire avant.

Que penses-tu des expositions de ces dernières années au Grand Palais ou à la fondation Cartier ?

Je n’ai rien contre : si les expositions peuvent permettre aux gens d’apprécier ce qu’ils voient dans la rue, tant mieux. Mais je ne suis pas sûr que ce soit le cas. Il ne faudrait pas qu’on perde le sens du graff, son image et son essence qui est d’être dehors. L’idéal pour moi, ce serait une exposition de photos de graffs fait dans la rue. Ce que je n’aime pas, c’est voir certains s’en mettre pleins les poches avec quelque chose qu’ils ne connaissent pas. Les galeristes, par exemple, qui ont commencé à exposer des graffitis dans les années 80, bien avant leur arrivée dans les musées. Les exposants aussi : je ne peux pas en vouloir aux graffeurs de vouloir gratter de l’argent mais à mon sens il faut qu’ils aient fait ça sérieusement avant, qu’ils aient une vraie expérience de l’extérieur…De mon côté je fais aussi quelques toiles sur commande, pour des particuliers et par bouche à oreille. Mais je ne cours pas après et je les vends très peu cher – environ 100 euros pour une toile d’un mètre sur 30 centimètres.

Te considères-tu comme un artiste ?

Non. Précisément parce que j’ai l’impression qu’un artiste c’est quelqu’un qui vend. Qui bénéficie d’une reconnaissance officielle ou la recherche. Dans le film de Banksy par exemple, son équipe cherche à filmer la réaction du public, au moment où il installe la cabine téléphonique dans la rue. Ce qui me plaît dans le graff, c’est justement que ce soit purement gratuit. Qu’il n’y ait pas de message comme dans le pochoir, les affiches ou d’autres forme de street art, ni même d’intention de plaire. L’idée de base, c’est de laisser sa marque. Je crois qu’inconsciemment c’est une façon de se sentir exister.

Emma Aurange, Cécile David, Camille Thomine

 

Miss. Tic, artiste épanouie

Artiste de référence dans le milieu du street art français, Miss. Tic projette sur mur ou sur toile ses modèles féminins, accompagnées de jeux de mots frivoles, souvent puissants. Depuis maintenant près de vingt-cinq ans, elle poétise les murs des rues de Paris avec autant de fierté que lorsqu’elle œuvre au sein d’une galerie. Miss. Tic fait partie de ces grandes gueules sympathiques qui vous envoient en pleine figure leur aura fortifiée par les années.

Portrait de Miss.Tic © Harcourt

Piquante

17h30. Miss.Tic ouvre la porte de son atelier avec un large sourire, une cigarette fumante coincée entre le majeur et l’index. C’est fou le charisme que dégage ce bout de femme à la silhouette pourtant si fluette. Cette assurance, elle la doit en partie à son expérience et à la reconnaissance du monde de l’art. Un retour positif qu’elle n’a pas attendu très longtemps. Vingt-cinq ans maintenant que Miss.Tic fait partie des murs de Paris. Elle qualifie son travail d’ « art mural ». « Le terme street art est trop large. Il recouvre tous les arts de la rue, que ce soit la musique ou le théâtre. »

Son truc ? La bombe, l’outil, mais aussi la femme surexposée dans les magazines. Son toc ? Le pochoir. Elle pose le premier sur un mur, en 1985. En 1986, elle réalise sa première exposition, « Pochoirs », à la galerie du Jour Agnès B.

Quand on lui demande ce qu’elle pense de ce passage récent du mur à la toile entrepris par les artistes « nés » dans la rue, elle rit. « Vous, les journalistes, vous êtes bien en retard. Ça ne date pas d’hier. Ça fait longtemps que les galeristes s’intéressent à notre travail. Regardez-moi ! En 1986, première expo. Les médias ont mis du temps à se rendre compte de ce qui était en train de se passer sous leur nez depuis des années. Quand je lis « Miss.Tic enfin en galerie » ou un truc du genre ça m’exaspère. Une fois, ok, mais quand c’est la quarante-sixième fois, c’est bon, stop. » C’est vrai, mais peut-être est-elle une exception. « Non. » Et elle enchaîne sur la Tunisie : « C’est exactement pareil. C’est seulement maintenant qu’on se réveille alors que ça fait vingt-trois ans que Ben Ali est au pouvoir. »

Oui, Miss.Tic parle de la femme, de l’amour, mais puise aussi son inspiration dans la politique, la mort, la place que l’homme détient dans le monde.

En ce qui concerne ses lieux d’exposition, il n’y a aucun paradoxe pour elle à travailler à la fois sur les façades des bâtiments et dans les lieux institutionnalisés. Miss.Tic est aussi à l’aise à l’extérieur qu’à l’intérieur. « Je travaille d’abord sur un support de peintre. Ensuite je fais une sélection pour la rue. » N’est-ce pas frustrant de voir ses créations murales effacées par le temps ou par un détergent ? « Non. Ça ne me fait rien du tout. »

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Go Homme ©Miss.Tic

Si Miss.Tic assume sa présence dans les galeries, ce n’est pas le cas de tous les street artistes. Certains résistants refusent d’être exposés. Elle s’esclaffe. « Oui, c’est vrai, il y a toujours des résistants mais il faut arrêter. Tout le monde a besoin de reconnaissance. Et puis si on leur fait un chèque, ça m’étonnerait qu’ils le refusent. Il y en a qui sont là uniquement pour se faire remarquer. »

Miss.Tic est désormais une artiste plasticienne reconnue mais aussi une poète. Les deux vont de paire. « L e s mots sont importants. Il y en a qui n’ont rien à dire, qui font simplement de la décoration […] En fait il y a ceux qui sont encore à l’école maternelle et ceux qui sont en études supérieures. » s’amuse-t-elle à souligner. Plus sérieusement, elle précise que selon elle, en haut de l’échelle règne Basquiat, « le Rimbaud du street art. »

Anti-clichés

Miss.Tic est un personnage, non, pas une sorcière comme celle à qui elle doit son surnom, mais une artiste avec les pieds sur terre, qui l’ouvre quand c’est nécessaire. De nombreux articles et reportages (peut-être intégrer directement la vidéo au corps de l’enquête, pour accessibilité + rapide) lui ont été consacrés. Quand les médias évoquent les arts de la rue, son nom est systématiquement cité.

Si aujourd’hui elle peut vendre une toile à 15 000 euros, son art ne lui a pas toujours suffi pour vivre. « Les artistes ne doivent pas gagner d’argent. C’est une des nombreuses idées reçues sur le milieu artistique. Dans la vie, rien n’est facile et c’est pareil pour tout le monde. » Pendant un certain temps, elle cumule les petits boulots tout en restant proche du monde de l’art. Non, elle n’enseignait pas dans les écoles. « Je ne suis pas faite pour ça. » Miss.Tic préfère le concret. Elle conçoit notamment le logo des transports Ucar. « On est au XIXe siècle dans le monde de l’art. Soit on a un frère comme Van Gogh pour nous aider, soit on se débrouille. »

Par quel bout le prendre ©Miss.Tic

Artiste épanouie

Vingt-cinq ans que Miss.Tic expose ses femmes rebelles, icônes des magazines qu’elle questionne. Et elle ne s’en lasse pas. « Comme disait quelqu’un de célèbre « Le plus difficile ce sont les soixante premières années. » […] J’éprouve encore plus aujourd’hui ce besoin de créer. C’est comme le désir de faire l’amour. J’ai autant besoin de créer que de faire l’ amour. Mon appétit est même de plus en plus grand. » Un désir entretenu par la reconnaissance du milieu. « Là aussi c’est comme l’amour. Quand on vous dit des mots doux tous les jours, ça le fortifie. »

Miss.Tic, femme artiste de cinquante ans et quelques éclaboussures, se sent bien. Toujours le mot pour rire ou pour « gueuler », elle aime sa vie, la dévore. « Je préfère vivre pour mon art qu’être une artiste morte exposée dans les musées. »

Miss.Tic ne mâche pas ses mots, elle les balance sur les murs, partout, en intérieur, en extérieur. Depuis plus de vingt ans. Aucune date de péremption à l’horizon.

E.A., C.D., C.T.

 

Le graffiti sur le marché de l’art

Difficile de vivre de sa passion, peut-être d’autant plus quand on l’exerce dans l’ illégalité. Certains graffeurs vont donc contourner les règles en créant des produits dérivés inspiré du graffiti. Rapidement, les commerçants flairent le bon plan et copie-colle les codes du street art sur T-Shirt et autres vêtements streetwear. La cote du graffiti monte sur le marché de l’art.

Diaporama : Le graffiti sur le marché de l’art

E.A., C.D., C.T.

 

Speedy Graphito, peintre street artiste

Olivier Rizzo dit Speedy Graphito fait partie des « imposteurs » pointés du doigt par les puristes du graffiti. Dès ses débuts dans les années quatre-vingts, il jongle avec habileté entre la rue et les galeries, aussi à l’aise avec une bombe en extérieur qu’en intérieur. « Il a tout compris » dit de lui Lokiss, dépité.

Un graffiti signé Speedy Graphito, juin 2010, Paris ©Groume

Étant vous-même à la limite entre la peinture exposée dans les  galeries et le graffiti bombé sur les murs, quelle définition  donneriez-vous au street art ?

Le street art est un phénomène artistique mondial regroupant tout artiste ayant des affinités avec la rue ou influencé par l’esthétique urbaine.

Dénature-t-on le street art en l’exposant dans les galeries ou en  faisant une exposition collective comme ce fut le cas l’an dernier  avec « Tag » au Grand Palais ?

Comme tout mouvement, très vite des règles s’établissent. Cela a tendance à enfermer la créativité. Je suis pour casser ces codes.

Il n’y a pas de règles et chacun doit suivre sa propre intuition. En  être ou ne pas en être, cela n’a aucune importance. L’important est  d’être libre et de peindre comme on a envie.

Je n’ai pas de jugement à faire sur l’exposition « Tag ». Je n’ai pas  voulu y participer pour cause de contraintes trop restrictives  ( format, thème) mais je ne condamne pas cette exposition et ses  intervenants. La démocratisation de l’art le rend plus accessible et donc plus intégré dans la vie. L’art doit être vivant.

Pensez-vous que l’on puisse à la fois se revendiquer graffeur dans la  rue et dans les musées ?

Tout est possible, pas d’interdit.

N’y a-t-il pas quelque chose de paradoxal dans cette démarche ?

Pour un artiste, l’important est de pouvoir vivre de sa passion. Quand  je vend une toile, je ne vend pas mon âme, je me donne juste du carburant pour pouvoir continuer à produire. Je n’ai pas de problème avec ça.

Miss.Tic confie être aussi à l’aise sur les murs de la rue qu’en galerie. Partagez-vous ce sentiment ?

Oui. Donner d’un coté, récolter de l’autre. La notion d’argent ne devient plus primordiale dans le rapport à la  production artistique et c’est tant mieux.

N’éprouvez-vous pas des sensations  plus intenses en œuvrant dans la  rue ?

L’illégalité n’a jamais été mon moteur créatif. Le travail de rue est fondé sur l’énergie, celui d’atelier sur  l’introspection. Les deux sont complémentaires. Peindre une toile en sachant qu’elle vaut plus de 40 000€  met aussi  une pression.
Le stress se cache partout.

Performance de Speedy Graphito
Le 5 février 2011, Mairie des Lilas (Seine-Saint-Denis)

Emma Aurange, Cécile David, Camille Thomine

Au-delà du graffiti : rencontre avec JR, colleur d’affiches engagé

Parmi les OVNI du street art, il y a JR, ni graffeur, ni pochoiriste mais photographe colleur d’affiches. Son projet « Women are heroes » expose le regard de femmes issues des ghettos au monde entier. JR colle pour faire parler, pour faire bouger.

Favela ©JR "Women Are Heroes"

Quelles sensations vous procure le fait d’œuvrer dans la rue ? La peur de se faire prendre par les instances de police est-elle un obstacle à votre art ou au contraire, fait-elle partie intégrante de votre démarche ?

Je pense qu’être artiste a toujours été un statut très fort de non-conformisme. On laisse toujours l’artiste creuser et faire ses propres expériences car on peut toujours le prendre en dérision… Je profite de cet espace de liberté pour confronter les idées, utiliser la rue pour m’exprimer et partager l’impact.

Mon travail est la plupart du temps réalisé de façon illégale, c’est pour cela que je me présente sous mes initiales JR, puisque dès le début je suis resté anonyme. Il y a une raison au fait que je ne donne pas le sens de mes initiales ni ne parle plus amplement de mon passé. D’abord, les premiers collages que j’ai posé en France étaient illégaux, et ceux que je continue à faire au travers du monde sont très souvent collés sans aucune autorisation. La plupart des graffeurs commencent par tagguer leur nom sur les murs. Pour ma part c’est assez différent, je prends les noms et surtout les visages de personnes qui vivent un peu en marge de la société et leur redonne leur individualité. Cela peut paraitre paradoxal, mais c’est comme si je n’avais pas de nom et que je leur redonnais le leur, leurs lettres de noblesse, à ceux dont on avait oublié le nom. De fait, et c’est important pour moi, j’ai le sentiment que si je devais maintenant révéler mon nom, parler de moi, cela détournerait un peu les gens de mon travail et son sens. Je reviens de Chine là où je ne pense pas que j’aurai pu mener mes actions sur les murs si mon nom était connu du grand public et donc des autorités…

Pourriez-vous exposer dans un lieu clos ?

Pour moi, l’intérieur complète l’extérieur. Je n’ai jamais essayé de reproduire ce que je fais dans la rue dans une galerie, ça ne pourrait pas marcher. Je fais des vidéos, des installations, des sculptures qui aident à comprendre ce que je fais à l’extérieur. C’est très important pour moi de pouvoir passer du « dehors » au « dedans » sur chaque projet.

L’Art est un vrai lien dans différentes régions du monde et le pouvoir des images joue un rôle important dans l’idée d’un art infiltrant. Dans chaque endroit, l’Art est le message mais la perception de celui-ci dépend du cadre de référence de celui qui le regarde. J’ai trouvé vraiment intéressant de réaliser que dans la plupart des pays en situation de conflit ou post-conflit, la question à propos de mes installations dans la rue était toujours tournée sur le sens profond du projet (« Quel est le but de ton projet ? » « Qu’est ce que ça va réellement changer ? » etc). Dans notre partie du monde, les questions sont toujours plus techniques (« Qui paie ? », « Combien de temps ça va rester ? », « Qui a donné les autorisations ? »).

Sur cette scène artistique, il n’y a pas de scène pour séparer les acteurs des spectateurs. Quand j’expose dans des galeries ou des musées, j’entre toujours dans la partie de mon travail que je ne peux pas montrer dans la rue, comme l’installation vidéo, la sculpture…

Finalement, quelle définition donneriez-vous au street art ? Vous sentez-vous proche du mouvement graff ou à l’écart ?

Je ne me considère ni comme street artiste, ni comme un photographe. Je suis un colleur d’affiches. Pour faire mes projets, j’utilise la photo mais aussi la vidéo, l’impression sur papier ou sur bâche, les espaces urbains, l’édition et surtout le lien social. Je cherche avec mes collages à amener l’art dans des endroits improbables, créer avec les communautés des projets qui forcent le questionnement. Tenter dans les zones de tensions comme le Moyen-Orient ou le Brésil, qui sont fortement médiatisées, de créer des images qui offrent d’autres points de vue que celles, réductrices, des médias globalisés. Par ce procédé, j’espère pouvoir ré-intéresser ces médias sur ces lieux au travers d’événements autres que violents. C’est-à-dire réutiliser la même « machine » médiatique mais pour porter un nouveau regard sur ces endroits. D’où l’utilisation d’images grand format, de codes de la publicité, de la communication et de l’image mais dans des espaces qui ne peuvent justement pas être exploités par la publicité.

 

Et le public, que pense-t-il de JR et du street art en général ?

Recueil des impressions des spectateurs
à la sortie d'une séance de "Women are heroes"
le 7 février 2011

E.A., C.D., C.T.

Les institutions culturelles et le graffiti en France

Sept rendez-vous clés

Marquants :

-13-15 octobre 2006 : Rue au Grand Palais à Paris

-27 mars-3 mais 2009 : TAG au Grand Palais à Paris

-7 juillet 2009-10 janvier 2010 : Né dans la rue-Graffiti à la Fondation Cartier, Paris

-15 octobre 2010-30 janvier 2011 : Rétrospective Basquiat au Musée d’art moderne de la ville de Paris

Récents :

-17 novembre 2010 : Vente aux enchères Tag & Graffiti chez Artcurial

-3-26 février 2011 : Urban Activity par Speedy Graphito à la Mairie des Lilas en Seine-Saint-Denis

-4 février 2011-25 février 2011 : Graffcity à l’Opera Gallery Fine Art

 

E.A., C.D., C.T.

Un business qui agace : Rencontre avec Lokiss

Parmi les puristes Lokiss, également connu sous le pseudo Vincent Elka. Pour lui, le graffiti c’est du street art. Point. Pas question de le voir transposer sur une toile.

Rencontre avec Lokiss/Vincent Elka, une forte tête
Le 13 février 2011 à La Place Forte, Paris


E.A., C.D., C.T.

 

Petit lexique du graffeur

A destination des accros et des curieux, voici une liste des mots incontournables du graffiti.

Aérosol : Bombe de peinture.

Blaz : Signature du graffeur. Synonyme de « tag ».

Brûlure : Inscription en couleur gravée.

Crew : groupe de graffeurs, taggeurs.

Effacement : Technique consistant à faire disparaître le graffiti, par opposition au recouvrement.

Feutre : Générateur de graffiti le plus employé.

Fresque : Dessin élaboré, en couleur, d’une grande surface dont le contour est marqué pour donner un effet de relief.

Flop : graff simple, sans remplissage.

Gommage : Technique d’effacement douce, à basse pression pour la pierre et le béton.

Graff : Dessin élaboré en couleur dont les contours donnent souvent un effet de relief.

Graffiti : Inscriptions non autorisées et indésirables se présentant sous forme d’une signature ou d’un graphisme personnalisé et stylisé exécuté par le public, en milieu urbain à la surface des murs accessibles, utilisé comme signe de reconnaissance d’un individu ou d’une bande.

Pochoir : Plaque de carton, de métal, de plastique découpée, permettant de peindre facilement la forme évidée sur un support quelconque.

Punition : Fait de taguer de manière répétitive. Comme une punition.

Recouvrement : Technique destinée aux surfaces peintes et consistant à recouvrir le graffiti d’une couche de peinture.

Stick : Étiquettes autocollantes ou affiches avec graffiti.

Street art : terme regroupant l’ensemble des arts urbains (breakdance, théâtre, graffiti, etc.).

Tag : Signatures codées du graffeur ou graphismes de reconnaissance sommaires. Souvent effectué à la hâte. Synonyme de « tag ».

Toyer : Fait de recouvrir un tag. Action synonyme de provocation.

Whole-Car : graff réalisé sur la totalité d’un wagon.

Whole-Trains : la totalité du train est recouverte de graffs.

Window-Down : graff réalisé sous les fenêtres d’un train.

 

Si Miss.Tic assume sa présence dans les galeries, ce n’est pas le cas de tous les street artistes. Certains résistants refusent d’être exposés. Elle s’esclaffe. « Oui, c’est vrai, il y a toujours des résistants mais il faut arrêter. Tout le monde a besoin de reconnaissance. Et puis si on leur fait un chèque, ça m’étonnerait qu’ils le refusent. (redondance de cette citation avec l’article Le graffiti à la lumière des galeries me semble-t-il…) Il y en a qui sont là uniquement pour se faire remarquer. »

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